jeudi 1 mars 2012

Contribution : À la Conférence débats : La crise du Nord Mali face à la double équation socio-politique et institutionnelle...

Contribution de Yachim Yacouba MAIGA

À la Conférence débats :
La crise du Nord Mali face à la double équation socio-politique et institutionnelle...

Maison de la Presse, Bamako, Mali, 1 Mars 2012 

Les assurances d’ATT à la classe politique d’organiser, vaille que vaille les élections du 29 avril ne convainquent que ceux qui pensent que leur heure est arrivée.
Est-ce une naïveté ou une obstination de croire que les élections peuvent se tenir sur une partie du territoire, tout en excluant une frange importante de la population malienne ?

J’ai honte de nos hommes politiques, qui continuent de  prendre pour réalité leur désir d’accéder à Koulouba, même au prix d’une scission du territoire national.
Ouvriront-ils finalement un jour les yeux pour se rendre à l'évidence ? J’en doute fort car la seule chose qui compte pour nos braves hommes politiques qui ont repris du service, c'est l’organisation des élections. Mais de quelles élections pourrait-il s’agir ?

Peut-on parler de referendum dans un pays coupé en trois ? 

1 : les maliens libres de leurs mouvements et de leurs droits de vote,
2 : les maliens pris entre l’étau des rebelles du MNLA et l’enclume des militaires et non libres de leurs mouvements et leurs droits de vote, contrairement au premier groupe.
3 : Enfin les maliens réfugiés, estimés à prés de cent vingt mille, à jamais traumatisés par ce qui leur arrive, ne rêvant depuis que d'une chose : retrouver la paix et leurs maisons.


Ceux qui sont accrochés aux élections doivent ouvrir les yeux et ne plus considérer la date du 29 avril comme une sorte de  « Kômô » à ne pas transgresser. Le 29 avril n’est ni le « Kômô », ni la Bible ni le Coran.

Nous sommes de ceux qui, dès le début des hostilités, ont avancé l’idée d’une inévitable transition pour toutes les raisons précitées.
A cet effet, nous préconisions de ne pas attendre le matin du 29 avril 2012 pour se rendre à l’évidence : l’impossibilité d’organiser sur le territoire national des élections pour tous les maliens sans exclusifs.

Si les élections ne peuvent pas se tenir, nous ne pouvons échapper à une transition.  A notre niveau la question n’est plus à la probabilité d’une transition, mais de savoir avec qui ? Et pendant quelle durée?

C'est plus facile de répondre à la première question : avec qui Sans ambages nous répondrons avec tous les maliens patriotes et volontaires.
Il ne s'agit point pour nous d’une transition prévue par la Constitution. C'est à dire un intérim du Président de l'Assemblée nationale pendant 40 jours (c'est ce que dit la constitution). Une telle transition constitutionnelle ne résoudra pas de toutes les façons les problèmes. Elle ne pourra pas résoudre le problème de la rébellion, ni celui des élections en 40 jours car pendant ce temps selon les juristes, le Président intérimaire ne peut même pas former un nouveau gouvernement, à plus forte raison prendre des décisions importantes engageant la Nation.

Alors que faire comme disait Lénine?
Il faut à notre humble avis, une transition forte mais légitime qui aura comme principale tache le rétablissement de l’autorité de l’état au nord et la préparation des états généraux de la nation.
Après le rétablissement de la paix sur le territoire et la gestion des refugiés, la transition devrait s’atteler à l’élaboration d’une  nouvelle constitution qui prendrait en compte l’éternelle donne de la rébellion Nord Mali.

Cette transition devra être sous la férule d’un Conseil de Défense de la République, et pour cela la vraie alternative qui s'offre  à nous est la suivante:
Si ATT aime encore le Mali qui lui a tout donné, s’il a encore un peu de logique militaire, il fera ce que Sun Tzu le stratège militaire chinois recommandait en la matière : s'effacer au profit de patriotes civils et militaires volontaires, en mettant lui même en place le Conseil de défense de la République. Il sauvera ainsi ce qu’il y a à sauver en s'effaçant dignement pour l’intérêt supérieur de la nation malienne

Notre General ATT aurait pu et aurait du déclarer depuis fin janvier l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire. Il aurait eu les coudées franches pour laisser la place à ce Conseil de défense de la République sans humiliation, car comme disait Montesquieu dans « esprit des lois », « une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, mais elle doit être loi parce qu’elle est juste »

Des patriotes sincères, honnêtes qui n’ont pas été impliqués ni de prés ni de loin à la gestion désastreuse de ces dix dernières années prendront le destin de la République pendant une durée de 24 mois.

Ce Conseil de défense de la république devrait avoir tous les pleins pouvoirs en décrétant l’état d’urgence et en mobilisant toutes les ressources de l’Etat pour la défense de la république.
D’ores et déjà, les contribuables seraient reconnaissants aux  partis politiques qui retourneraient les subventions reçues de l’Etat au trésor public pour les remobiliser ailleurs. Au nom de l’intérieur supérieur de la nation nos candidats aux élections peuvent don de leurs cautions de dix million à l’armée malienne pour la défense de la République.    

C’est l’ultime option, car il ne faut pas compter sur l'option consensuelle politique pour les raisons évidentes de profonds désaccords entre les principaux leaders du paysage politique malien.
Est-il superflu de rappeler à ce niveau que tous les hommes politiques qui gravitent au pouvoir de 1991 à maintenant sont tout autant comptables qu’ATT dans la situation actuelle.
Souvenons-nous seulement de ce leader d'un grand parti ci-devant candidat présidentiel, qui disait qu’il fallait être avec ATT pour ne pas avoir la sécurité d'état dans le dos.
Point besoin d’être politologue pour déchiffrer un tel message d’un chef de parti qui a accompagné et cautionné la gestion consensuelle d’ATT.
Récemment encore un autre mastodonte de la classe politique malienne, dont certains "somas" lui prédisaient Koulouba, disait qu’il n’est pas griot mais qu’il ne peut pas passer sous silence l’excellent travail d’ATT.
Les exemples sont nombreux qui prouvent a suffisance le naufrage de la presque majorité de la classe politique malienne.  On ne peut donc, pas compter sur la classe politique actuelle malienne qui a montré ses limites dans la gestion car n’ayant pas été capables d’anticiper sur les événements.

Sur qui compter alors pour mener une transition patriotique ?
Ne nous sous-estimons pas. Notre cher pays compte de civils et de militaires valables comme ce jeunot de capitaine BAD, mort héroïquement à Aguel-hoc, les armes à la main, j’allais dire  sans armes mais avec honneur et dignité.

La mort de BAD et de tous les autres anonymes militaires noirs ou blancs sur le champ de l’honneur à Aguel Hoc et dans d’autres contrées, doit être notre hymne, l’hymne pour la défense de la république. Les patriotes civils et militaires attendent beaucoup de nous, ils ont besoin de notre confiance et de notre accompagnement pour accomplir l’action salvatrice qui nous conduira vers une transition légitime.

Chaque malien est aujourd’hui responsable de ce qui pourrait arriver demain c’est pourquoi nous ne devrions et ne saurions rester passifs, car comme le disait Thucydide, Historien grec du Vème siècle avant notre ère : « Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile »

Yachim MAIGA
Malien de la diaspora en Haïti
Tel : +50934540666
Port-Au Prince, le 29 Février 2012

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