mardi 13 décembre 2011

Nord Mali : La politique sécuritaire d’ATT a atteint ses limites

Nord Mali :
La politique sécuritaire d’ATT a atteint ses limites

Dans une tribune intitulée « Prolifération des mouvements de libération de l’Azawad : Est-ce le réveil des vieux démons », publiée le 25 octobre 2011 sur Maliweb,  nous tirions sur la sonnette d’alarme au sujet du péril qui guette le Nord mali.  Mais à son temps, certains medias de la place avaient d’un revers de la main balayé nos appréhensions et nous ont accusés d’oiseau de malheur. Un mois après, les mêmes medias retournent leurs vestes, j’allais dire leurs plumes pour attirer l’attention des autorités sur les dangers d’une reprise de rébellion au Nord.  Ces auto proclamés spécialistes du Nord ont-ils finalement perdu le nord ou  ont-ils fait exprès pour hiberner l’opinion publique nationale ?
En effet, L’un des journaux, Lafia révélateur qui, hier seulement écrivait que ni les mouvements indépendantistes ni les soldats libyens revenus au Mali ne constituent un danger pour le pays, se rétracte tout d’un coup.  Le titre de sa parution du 23 novembre 2011 est plus qu’évocateur du virage à 180 degrés. : « Mouvements indépendantistes au nord Mali : Que doit faire l’Etat ? » La conclusion de l’article sonne comme un avertissement aux autorités incapables d’anticiper sur les événements : à savoir la collision entre les mouvements indépendantistes et les combattants de la guerre : « Les mouvements indépendantistes sont apparemment décidés à aller loin. Et c’est pourquoi l’Etat ne doit pas dormir aussi. Au moment où les responsables de ces mouvements sont connus, pourquoi l’Etat ne suit pas et contrôle toutes leurs actions ? Comment ces gens arrivent à faire des recrutements au Mali sans que l’Etat ne se rende compte et les en empêche ? Pourquoi ne pas circonscrire leur seule et unique base ? » Il faut admettre hélas qu’ATT et son gouvernement n’ont rien fait pour empêcher l’arrivée massive de combattants libyens sur le territoire malien. Tout au moins, ATT aurait du faire cantonner ces combattants, c'est-à-dire les désarmer.
Gouverner c’est prévoir et le Général Président sait mieux que moi ce que l’art de la guerre enseigne en pareille situation. Comment comprendre que le général président, n’aie pas pu voir venir cette agression contre notre territoire, de soldats libyens d’origine malienne,  alors que la guerre faisait rage et que Kadhafi, leur parrain avait déjà perdu tout espoir de conserver son pouvoir.  Où étaient nos services de renseignements et que faisaient-ils pendant ce temps ? Ils sont pourtant toujours prompts à traquer ou mettre sur écoute de simples citoyens pacifistes. Des questions qui sonnent comme le glas d’une défaite annoncée, d’un abandon d’une partie du territoire. Quand on analyse tout ce qui se passe dans cette partie nord du Mali, on est en droit de se demander si l’Etat n’était pas absent depuis belle lurette. Depuis la signature du pacte national, l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays est mise à rude épreuve. L’incorrigible Bahanga et les multiples soubresauts de rébellion n’ont laissé aucun répit à des forces de sécurité et de défense sans défense. C’est la seule explication que le citoyen lambda que je suis, peut comprendre pour admettre l’inadmissible, c'est-à-dire la présence de combattants avec un arsenal de guerre  sur le territoire malien.  
Et comme si cela ne suffisait pas, le Gouvernement d’ATT,  dans une précipitation débilitante, envoie en guise de bienvenue ses supers ministres avec des sommes sonnantes et trébuchantes et des cadeaux auprès d’eux. Un gouvernement digne de ce nom réfléchirait par deux fois avant de dépenser l'argent des honnêtes citoyens contribuables maliens à des combattants armés qui, jusqu’à preuve de contraire, restent des militaires libyens déserteurs.  Pendant qu’ATT supplie ces déserteurs de l’armée libyenne à accepter les cadeaux au nom de la République pour « services rendus », d’autres maliens rentrés de la même Libye sans armes et sans bagages végètent dans la nature quelque part dans l’anonymat total.  «Celui qui détient l’arme, détient la vérité !»
Le Gouvernement, sans se douter de rien, dans un amateurisme déconcertant, vient de poser un acte grave de conséquence que nos  « héros de la guerre de la Libye » utilise à fond pour humilier davantage les autorités maliennes et le Mali tout entier.  En effet, malgré toute la sollicitude et la générosité d’ATT et de son Gouvernement, nos braves soldats libyens du Mali refusent toujours de remettre leurs armes. Pourquoi devraient-ils le faire aussi naïvement et facilement? Eux qui sont en position de force pour négocier, ont certainement lu le génie chinois en stratégie militaire, Sun Tzu, qui écrivit, six  ans avant Jésus Christ dans son classique « l’art de faire la guerre », je le cite « lorsque l’ennemi vous offre une opportunité, saisissez-en vite l’avantage ».
Les mouvements indépendantistes, aussi ont bien compris cela et profitent de l’arrivée des combattants pour occuper le terrain laissé militairement. Pendant ce temps, au sommet de l’Etat, on continue de privilégier les réseaux occultes de négociateurs  pour calmer la situation. On ne se préoccupe pas de savoir pourquoi les mêmes causes produisent les mêmes effets.  N’est ce pas les mêmes négociateurs qui arpentent depuis toujours les hauteurs de Koulouba et de l’Adrar, pour soit disant ramener à la raison les frères égarés.
Le résultat est toujours le même : On se distribue les contenus des mallettes de Koulouba, on accepte de rejoindre pour une énième fois les rangs de l’armée nationale qu’on a intégrée suite aux accords du pacte national ;  c’est l’accalmie pour ATT qui peut s’occuper sereinement de ses logements sociaux et de ses amis les tout-petits ; puis tout d’un coup, rebelote...  Ré-désertion...  et reprise de pourparlers par l’intermédiaire des mêmes négociateurs.  Ainsi va la vie dans la partie nord du pays de l’homme du 26 mars.  Point besoin d’être dans les secrets de ces négociateurs pour comprendre leur stratagème contre l’Etat : se rendre incontournable pour négocier afin de préserver leurs propres intérêts : s’enrichir sur le dos de ceux avec qui et pour qui ils négocient et rester dans les grâces des pouvoirs successifs de Koulouba. Le cas le plus patent est celui d’Iyad Ag aghaly, l’homme par qui la rébellion de 1990 a débuté.  Insaisissable, au centre de toutes les rebellions et de toutes les négociations,  il sera encore là pour diriger des négociations avec comme toujours des mallettes remplies de provisions. 
Avec tout ce qui se tramerait  au nord, c’est l’occasion idéale pour nos incontournables négociateurs du Nord » comme Iyag Ag aghaly et autres de reprendre du service.  On imagine aisément que Koulouba ne désemplit plus ces derniers jours. 
Il faut parer au plus pressé, ensuite réfléchir. Toutes les ressources sont mises à profit. Des officiers supérieurs ressortissants du Nord et notabilités se bousculent au portillon de Koulouba pour apporter leur preuve d’allégeance et proposer leurs talents en matière de négociation. Avec la bénédiction du  maitre des lieux,  nos experts es sécurité occultes chargés de mallettes remplis de cadeaux alléchants se relayeront sur le terrain au point que les incessants va et vient des convois de véhicules tout terrain  provoquent dans le désert des embouteillages entre Gao et Kidal.
Dans cette cacophonie de marchés de dupes, chacun y va de son imagination. Nos honorables députés qui ont décidé d’aller parlementer sous les rochers de l’Adrar avec leurs « frères »  en ont eu pour leur compte. Ils ont été éconduits par des propos d’une rare violence par « leurs freres » qui ont pourtant accepté d’empocher les millions de franc CFA et autres friandises qu’ATT s’était empressé de leur envoyer par ses Ministres.  Nos braves parlementaires, le mot n’est point fort dans le cas présent, qui ont confondu leur palais de Bagadadji au temple des combattants n’avaient que leurs oreilles pour rapporter jusqu'à nous ce qu’ils ont entendu : « Nous n’avons rien à nous dire ! Nous sommes le peuple de l’Azawad, vous, vous êtes  le Mali. Nous sommes sur notre territoire, on n’a rien à vous dire. Vous êtes des parlementaires ? Ça c’est l’affaire du Mali. Nous, nous sommes chez nous terminé. Vous dites que nous devons écrire au Président de la République, Votre Président de la république n’est pas notre président."
No comment ! Sinon que de faire l’amer constat qui saute aux yeux: l’autorité de l’Etat n’a jamais été aussi bafouée et malmenée.  Des Représentants de la République à genoux devant des combattants d’une armée étrangère pour négocier quoi ?  Allez savoir.  Comment diantre les forces de défense maliennes ont –elle pu laisser entrer sur le territoire des combattants armés ? Incapacité d’anticipation ou insuffisance de moyens mis à leur disposition ? Ils, les chefs militaires se cloitrent dans leur mutisme légendaire pour protéger le secret - défense, mais eux, les soldats qu’on attrape comme  des lapins parce que ne disposant pas de moyens suffisants et adéquats finiront par exiger de leurs chefs les moyens pour défendre le territoire national.
Pourquoi ne le feraient-ils pas quand d’autres officiers parce que ressortissants du Nord peuvent rompre le sacro saint silence de la grande muette qu’est l’armée, au grand dam de leurs chefs hiérarchiques militaires. En effet, depuis un certain temps, ces officiers du Nord interviennent dans les medias pour expliquer leurs convictions patriotiques et leurs activités de sécurisation sur le terrain. Tous ces manquements sont permis et excusés par la chaine de commandement militaire pourvu que cela apporte un répit au General Président qui vit les pires moments de son dernier mandant. 
 Du cargo air cocaïne, véritable thriller aux odeurs maliennes,  en passant par la rocambolesque libération des otages français, au retour des combattants libyens au Mali, que d’incohérences et de tâtonnements dans la gestion sécuritaire du Nord Mali. L’énormité de l’étendue de la zone ne saurait à elle seule être une excuse pour nos autorités. Depuis longtemps, ce n’est un secret pour personne, l’Etat  n’était plus présent dans cette partie du pays. La nature ayant horreur du vide, très vite les  trafiquants de tous genres, Al-Qaïda et les jeunes désœuvrés ont pris le relais.
Aucun nationalisme ne nous aveuglerait à ne pas croire finalement à ce label collé à notre image : «  Le Mali est le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo saharienne ». Des pays limitrophes comme la Mauritanie, le Niger, qui ne sont pas mieux lotis militairement que le Mali, traquent sans relâche des hommes armés sur leur territoire et même sur le notre ! La Mauritanie bombarde tout le temps des camps d’AQMI dans la commune d’Ouagadou au Mali.  Récemment, grâce à la vigilance des forces de sécurité nigériennes, auxquelles il faut rendre hommage, des combattants libyens qui se rendaient au Mali ont été neutralisés ?
Les langues commencent à se délier au sein même de la majorité présidentielle d’ATT pour dénoncer et fustiger le laxisme du pouvoir. Le député Adema de Bourem,  Ibrahim Ag Mohamed Saleh, s’en est vigoureusement pris à Koulouba dans un entretien accordé à jeune afrique.Com publié dans le journal,  le républicain du 23 Novembre 2011. Il parle de « Une complicité en haut lieu avec les trafiquants de drogue et Aqmi ». Et comme pour compliquer une situation déjà confuse, nous apprenons la rocambolesque histoire d’un français accompagné par un député de la république,  blessé à la sortie de Gao. Qui était, ce français ? Que faisait –il dans ce bled perdu du Nord ? Une zone pourtant fichée sur la liste des zones rouge de son pays la France ?
Autant d’interrogations qui ne rassurent pas le citoyen lambda sur la capacité de l’Etat à garantir la sécurité des personnes et des biens. Et comme si cela ne suffisait pas à notre peine, les événements survenus en moins de deux jours d’intervalle à Hombori et Tombouctou, nous rappellent les tristes souvenirs du début de la rébellion de 1990. En effet, l’enlèvement de deux français à Hombori et de trois touristes étrangers à Tombouctou, en plein jour au nez et à la barbe de nos forces de sécurité impuissantes, plongent tout le Nord Mali dans la peur et le désarroi. Le risque est grand de voir de pauvres citoyens pris dans l’engrenage du climat d’insécurité, tout simplement à cause de leur appartenance ethnique. C’est pour éviter les amalgames que nos forces de sécurité et de défense doivent anticiper sur les événements et non faire le sapeur pompier. La tension risque de monter d’un cran les prochains jours dans les trois villes du Nord que sont Gao, Kidal et Tombouctou, où on compte plus les enlèvements de personnes et de leurs biens. L’autorité de l’Etat est dangereusement compromise là-bas  au Nord mali.
Terrible fin de règne pour l’homme du 26 mars. Pour le grand bâtisseur des Attbougous,  routes et ponts, c’en est une. Le général Président a appris certainement de Sun Tzu, l’auteur  de « l’art de faire la guerre »  qu’il faut savoir saisir les occasions.
 Le General souhaiterait certainement calmer la situation, faute de n’avoir jamais cherché à la résoudre, le temps pour lui de remettre le « To kalaman» dans les mains de son successeur. 
Acculé et accusé de toutes parts, le soldat ATT,  partisan du concept « Vaincre sans combattre », ne devrait-il  pas enfin se rendre compte que sa politique sécuritaire a atteint ses limites ?
La seule solution qui vaille est la fermeté dans toute sa rigueur. La fermeté dans la défense du territoire national en traitant les combattants armés qui refusent de déposer leurs armes comme des ennemis armés ; La fermeté dans le respect du règlement militaire pour tous les soldats, car il est grand temps de redonner à l’armée toutes ses lettres de noblesse. La loi militaire doit s’appliquer dans toute sa rigueur aux déserteurs de l’armée qui hélas continuent de faire des va et vient, au gré de leurs humeurs entre l’armée et les groupes rebelles.  Et enfin, la fermeté dans toute sa rigueur pour protéger les populations civiles qui sont victimes des représailles de nos forces de sécurité à la place des vrais coupables. 
Notre général n’a pas d’autres choix, il doit changer de stratégie, s’il veut tuer dans l’œuf, ce qui à n’en pas douter, ressemble à une énième rébellion sous son règne, car comme écrivait Honoré de Balzac « Un pouvoir impunément bravé touche à sa ruine »

 Port-Au Prince, le 28 Novembre 2011
Yachim Yacouba MAIGA

jeudi 27 octobre 2011

Elections générales de 2012 :

Elections générales de 2012 :
ATT maitre du jeu jusqu’au bout ?

En politique, disait Machiavel Nicholas « le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal » Essayons d’examiner de plus prés cette assertion dans le contexte des préparations des élections générales de 2012.
On le sait, les dates des élections générales de 2012 sont connues depuis ce mercredi 19 octobre 2011. On sait aussi que Koulouba tient à son referendum, et en a décidé de le coupler au premier tour de la Présidentielle. Pour quelles raisons ? Depuis les jardins verdoyants de koulouba l’on murmure que c’est pour réduire la facture budgétaire qui s’annonçait très salée dans la loi des finances déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale. Faut-il croire au Gouvernement? Ou faut-il voir dans cette décision une ruse du Général Président ATT pour rester maitre du jeu jusqu’au bout ?
Mon propos n’est pas de reprendre ici les arguments des opposants aux reformes constitutionnelles, mais de susciter le débat autour de la dérive que pourrait découler de la décision de coupler le referendum à la Présidentielle. Le citoyen malien de Haïti que je suis, même loin des intrigues politiciennes qui se profilent au bord du Djoliba, s’étonne de l’attitude du pouvoir qui tient vaille que vaille à son projet.
Je paierais une fortune à un « buveur de sauce » de Koulouba pour savoir ce qui fait tant courir notre grand champion de la gestion consensuelle sur le chemin du referendum. J’aurai aussi aimé être dans les secrets de Koulouba pour élucider cette autre question qui me taraude l’esprit : pourquoi ATT a t-il décidé d’organiser son « referendum » le jour des élections présidentielles ? Voudrait-il brouiller la campagne des présidentielles à son profit, j’allais dire au profit de son candidat?
Là est selon moi, tout l’enjeu du referendum.
Une semaine après l’annonce, les états-majors politiques restent muets sur la question. Pris de court par le stratège ATT, les futurs candidats à la Présidentielle sont face à un dilemme cornélien : se contraindre au silence pour ne pas se mettre dos contre le maitre du jeu, ou dénoncer la décision. L’élève et le successeur de Alpha Oumar konaré, a certainement étudié Winston Churchill qui disait que  « La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent »
Les prochains jours nous édifieront si le General politicien gagnera la bataille faute de combattants en faisant taire tous ses adversaires politiques comme il a magistralement su le faire jusqu’à présent.
Pour le moment seul le Professeur Ali Nouhoun Diallo, mastodonte de ce qui reste du mouvement démocratique et défenseur farouche du Candidat officiel de l’ADEMA ne s’est fait pas dorloter.  Dans une récente interview accordée à un journal de la place, le Professeur doute qu’ATT ne veuille confisquer le pouvoir en créant un chaos post électoral pour y rester. Parole d’un politicien avisé, habitué aux coulisses et aux délices du pouvoir à prendre au sérieux.  Contrairement au Professeur à qui je voue respect et considération pour son engagement et son courage politique, je pense qu’ATT, suffisamment rusé et intelligent, partira non sans influencer le choix de son successeur.  Pour le réussir, il descendra comme  tous les candidats à la présidentielle dans l’arène de la campagne électorale pour, d’une part, défendre le « vote utile » au referendum, et d’autres parts, donner des consignes de vote pour son successeur. Déjà , il peut et sait compter sur ses chevaux de Troie qu’est le PDES. Le parti, j’allais dire, le club de hauts fonctionnaires de l’Etat dévoués dans leur âme et chair à sa cause. On peut comprendre aisément pourquoi « l’enfant béni » de la République, Diane Semega et ses amis Ministres PDES bénéficiant de la magnanimité d’ATT, rendront la vie difficile à Jeamille Bittar, la brebis galeuse qui veut s’égarer de l’enclos de Soudh baba. Le couplage referendum - présidentielle est une occasion de rêve pour ATT de focaliser la campagne sur sa personne, car pour la cause, il aura de son coté toutes les ressources matérielles et humaines du PDES.
Pour gagner la bataille du referendum, le maitre de Koulouba peut aussi compter sur les serviteurs de l’Etat, les « baba commandant » qui  lui sont redevables et qui auront à cœur de lui prouver en retour leur reconnaissance. Il est utile de rappeler à ce sujet les primes importantes et véhicules tout terrain octroyés généreusement par le père de la Nation à ces administrateurs infatigables ou encore le bonus retraite accordé à certains agents des forces armées et de sécurité pour « services à rendre ».
Il va s’en dire que les consignes de vote du bienfaiteur ATT pour le referendum seront suivis à la lettre et par conséquent brouilleront les cartes des candidats à l’élection présidentielle. Ceux-ci seront avalés par la machine de guerre électorale du General et n’auront qu’à attendre le verdict du vote d’ATT.
Le risque est grand de voir les maliens choisir leur futur Président sur la base d’une campagne qui sera menée de bout en bout par ATT. Avec le couplage du referendum aux présidentielles, le doute n’est plus permis sur les véritables intentions du maitre de jeu de Koulouba : assurer une retraite paisible dans son champ à Mopti comme son prédécesseur Alpha qui se la coule en toute quiétude au bord du Djoliba à Souleymanbougou. Pas besoin de porter des loupes pour voir le portrait robot de son successeur : « ni vu, ni su ni entendu ».
Sans faire l’insulte aux électeurs et aux futurs candidats, je dirai que les carottes sont presque cuites. Si l’aventure venait à se réaliser, c’est une ère de dynastie de relayeurs relayés qui commence au Mali.  Pourrions-nous éviter l’instauration d’une telle dynastie après vingt années d’une démocratie balbutiante? Oui me diriez vous en allant voter le jour J. mais c’est tout ce qui se fait depuis 1992. Peut-on utiliser le vote qui est incontestablement une arme redoutable dans les mains des électeurs, comme une arme de sanction ou de récompense?
Nul besoin d’être «soma » politique pour envisager une victoire du General Président au referendum... Et à la présidentielle du 29 avril 2011, si rien n’est fait pour empêcher le couplage. Il urge pendant qu’il ne soit trop tard de trouver les moyens légaux qui annuleraient ce couplage referendum-présidentielles.  L’heure doit être à l’unité d’actions pour dénoncer dans des campagnes de sensibilisation et d’information d’envergure nationale les dérives d’une telle aventure. Et c’est à ce niveau que le rôle des citoyens est prépondérant pour faire barrage à ce qui peut déjà être considéré comme un hold-up électoral au soir du 29 avril prochain, car comme écrivait Montesquieu dans « Esprit des Lois » « Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, mais elle doit être loi parce qu’elle est juste ». 


Port-Au Prince, le 26 Octobre 2011

Yachim MAIGA


vendredi 21 octobre 2011

Prolifération des mouvements de libération de l’Azawad :

Depuis la chute du régime du guide libyen Kadhafi, il ne se passe pas un jour sans que les medias ne relaient le retour « au bercail » de groupes de combattants pro-Kadhafi dans le Nord Mali.  Des informations qui soulèvent la sempiternelle question : le retour des combattants libyens d’origine malienne constitue t-il une menace pour la paix et la stabilité pour le pays ? Chacun y va de son commentaire, les experts occidentaux du Nord Mali ne se font pas prier pour étayer les scenarii possibles, mais du coté de nos autorités c’est le silence radio.
Comme dans l’affaire du cargo de la drogue, le Gouvernement d’ATT s’est une fois de plus illustré par son refus de communication. Un  mutisme qui entretient les rumeurs les plus folles et qui en dit long sur la capacité des autorités maliennes à apporter des réponses apaisantes à une population déboussolée.
La nature ayant horreur du vide, en absence de communication gouvernementale, des mouvements pour l’indépendance de l’Azawad naissent comme des champignons et occupent le terrain.    
Tous les ingrédients d’une escalade aux conséquences incalculables sont réunis :
Des combattants libyens qui débarquent avec armes lourdes et bagages sur un territoire laissé vacant  par le défunt Bahanga et que l’Etat n’a jamais pu contrôler,
Un réseau de  trafic de drogues, des mouvements pour l’autonomie de l’Azawad aux élans séparatistes, qui ne manquent aucune occasion pour se faire entendre afin de se rendre incontournables au moment opportun.
Faut-il craindre le pire, c'est-à-dire le retour des vieux démons de la rébellion. Dans une de nos publications, parue dans le journal Indépendant du 9 Novembre 2010, nous écrivions déjà « Mouvement National de l'Azawad : Est-ce le début du recommencement ? ».
Aujourd’hui plus qu’hier, le doute n’est plus de mise sur les intentions réelles du Mouvement National de l’Azawad (MNA) et des autres mouvements qui s’activent au nord au nez et à la barbe des services de sécurité et de défense du Mali. 
En effet, le MNA vient de publier le 16 octobre 2011 sur son site  http://www.mnamov.net , un communiqué dans lequel il revendique l’autonomie de l’Azawad à travers la fusion du MNA et du mouvement du défunt rebelle Bahanga : « … Les parties présentes (Mouvement National de l’Azawad (MNA) et le Mouvement Touareg du Nord Mali (MTNM) dirigé par le défunt Ibrahim Ag Bahanga et d’autres responsables militaires et politiques de l’Azawad)  ont convenu d’un commun accord de dépasser les difficultés pour asseoir les revendications politiques communes qui prennent en compte les aspirations profondes du peuple de l’Azawad… »
Plus loin on peut encore lire dans le communiqué : « les parties présentes ont décidé de se fusionner et de créer une nouvelle organisation politique dénommée : Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) à la place du Mouvement National de l’Azawad (M-N-A)… »
Le MNA termine par un appel à faire  « sortir le peuple de l’Azawad de l’occupation illégale du territoire azawadien par le Mali... »

Dans un autre communiqué posté le 4 octobre 2011, le Mouvement National de l’Azawad, « …réitère  son  appel au gouvernement du Mali afin de répondre à ses exigences dans un délai d’un mois à compter  du 5 Octobre 2011. Au delà de cette date, le M.N.A se donne le droit d’utiliser tous les moyens nécessaires à l’instauration du droit à l’autodétermination du peuple de l’Azawad »
Y a-t-il péril en la demeure ou serait-ce seulement de la surenchère ? Car cette pratique est devenue monnaie dans la zone.
Certes les données géopolitiques ont changé. Kadhafi le protecteur, le père adoptif, le généreux donateur n’est plus là pour leur accorder le repli tactique sur la Lybie, mais la situation de confusion totale dans la zone n’augure rien de bon.
Un autre mouvement, le Front Démocratique pour l'Autonomie Politique de l'Azawad (FDAPA) s’autoproclame sur le site de kidal Info ce jour 18 octobre 2011, comme  le seul interlocuteur dans la recherche de solutions politiques et consensuelles pour une paix durable dans la zone de l'Azawad. Dans la  même déclaration, le FDAPA annonce  l’arrivée de combattants de l’ancienne 34ème division de Bani Walid dirigée par le colonel Ag Amakadaye.
Une manière à peine voilée d’avertir qui de droit, que la gestion de ces combattants déserteurs ne se fera pas sans leur aval.
Un troisième mouvement, le Front Patriotique Arabe de l'Azawad – FPAA s’est fait aussi connaitre sur le site de Kidal info de ce jour 18 octobre 2011 dans un communiqué va t-en guerre.
Tous les trois mouvements qui se pré-positionnent dans l’Azawad ont un point en commun : tous militent pour l’autonomie de l’Azawad en profitant du retour massif des combattants pour asseoir une branche militaire.
Même si l’histoire ne bégaie pas encore au Nord Mali c’est tout comme si.
En 1990 le vent de la démocratie qui a déferlé sur Bamako et qui a fini par emporter Moussa Traoré et son régime, était le pain béni pour les mouvements de l’Azawad.  
En 2011, la présence incontrôlée des combattants armés pourrait être le lait de chameau nourricier pour les mouvements autonomistes en mal de légitimité et de repère pour forcer une énième rébellion.
Sur le terrain, chacun tente d’attirer sur lui la sympathie des nouveaux arrivants en les faisant miroiter le bonheur d’avoir un Azawad indépendant, où ils joueront un rôle crucial. Nous reconnaissons que c’est tentant car quelque part en Afrique, d’autres combattants ont fini par obtenir leur indépendance avec la complicité active de ceux qui font et défont  la carte du monde.
Avec un arsenal de guerre à leur portée et jouant sur les rivalités tribales ; ces mouvements d’auto- détermination de l’Azawad constituent un danger quotidien pour les communautés du nord et pour la stabilité du pays entier.
Les conséquences sont déjà perceptibles sur le terrain : vols de véhicules, braquages et destruction de biens de jours comme de nuits avec son cortège de morts civils et militaires. Les auteurs de ces actes répréhensibles sous d’autres cieux ne sont ni inquiétés ni poursuivis. Mieux les plus téméraires, une fois leurs butins de guerre épuisés, sont parfois récompensés par l’Etat qui les récupère dans des cabinets ministériels et même à Koulouba. Tant pis pour les « niengo » les aigris et victimes qui n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Jusqu'à quand cela va-t-il continuer ? Jusqu’au supportable serait- on tenté de répondre. Si on n’y prend pas garde, ce pourrait être trop tard pour empêcher le scenario catastrophe, qui verrait les populations s’organiser en groupes d’auto-défense, un scenario idéal pour tous les désœuvrés qui végètent dans la nature et qui n’on rien à perdre. 
Que de tristes souvenirs quand on se rappelle de toutes les horreurs commises par les ex-groupes d’auto défense et la rébellion des années 90.
Si rien n’est fait, le nord Mali deviendrait une poudrière, un « no man’s land » où chacun gouvernerait selon sa propre loi. Aussi urge t-il pour le pouvoir de mettre très rapidement en place, une communication efficace et proactive pour informer la population afin de couper court à toutes les rumeurs et couper l’herbe sous les pieds des mouvements d’auto- détermination.   
En second lieu, le pouvoir de Koulouba ne devrait-il pas commencer à encadrer l’arrivée sur le territoire malien des combattants ? Cela soulève une autre question : ATT et son Gouvernement ont t-il les moyens de contrôler le flux migratoire dans cette partie du territoire malien? Il ne faut pas se leurrer, point besoin d’être dans le secret des services secrets maliens pour savoir que le Mali seul ne peut assurer la sécurité dans sa bande sahélo saharienne, encore moins désarmer les milliers de combattants qui vont continuer à affluer vers l’Azawad.
Serions-nous alors condamnés à vivre dans la peur, la psychose, le désordre, l’insécurité au risque de compromettre 2012, sur lequel sont rivés les yeux de nos braves hommes politiques? Pendant que la fumée couve au nord, ATT au crépuscule d’un dernier mandat, disperse son temps et son énergie dans des reformes institutionnelles et de préparation de fichier électoral « consensuel ».
Saurions-nous transcender nos différences pour trouver les solutions qui nous éviteraient  le retour des vieux démons de la rébellion?  
C’est le seul défi qui vaille pour ATT dans sa dernière ligne droite avant une remise hypothétique du relais à son successeur le soir du 8 juin 2012.


Port-Au Prince, le 19 Octobre 2011

Yachim MAIGA