mercredi 16 janvier 2013

La France en guerre au Mali : La pilule à avaler sera amère

La France en guerre au Mali :
La pilule à avaler sera amère

Le Mali que nous avons connu, c'est à dire fier, debout et digne, n’existe plus.
C'est dur de l'admettre mais c'est la triste réalité avec laquelle il va falloir s'y habituer.
Ceci étant, revenant à une question qui taraude les esprits de plusieurs d’entre nous, a savoir n’est-il pas mieux que la France  recolonise le Mali,  je dirai simplement que la France n'a plus besoin de nous recoloniser. Désormais, nous sommes tous français, et nous nous plierons au diktat de nos ancêtres les gaulois,  une fois l’orage derrière nous.
François Hollande ave la France, sauveur du Mali, peut légitimement nous imposer une ligne de conduite à respecter dans les négociations futures. Car n’oublions pas qu’ils ne vont pas rester tout le temps. Il  va falloir, un moment donné comme en Afghanistan, que les forces étrangères  se retirent. Un retrait qui ne peut se faire sans avoir à régler l’épineuse question des régions du Nord.  Il ne faut pas se voiler la face c’est des aujourd’hui qu’il faut mettre la question sur la table : La France au secours du Mali et après ? Plus rien ne sera comme avant, car cette fois- ci nous devrions prendre en compte le facteur : l’intervention étrangère.
C’est toute la gouvernance  qui est à revoir et cela passe par des choix. Il est fort a parier que les français, nos sauveurs, et futurs vainqueurs de la guerre contre le jihadiste, auront leurs mots a dire et surtout a imposer , comme jadis l'URSS en RDA après la seconde guerre mondiale. Le probable scenario serait la carte de l’autonomie des régions du Nord sous la férule du MNLA. Nous n’aurons pas le choix, car nous n’avons plus aucune carte maitresse en mains pour négocier.
Avec des forces armées mal formées et sous –équipées, une classe politique en déconfiture, une société civile alimentaire, un pays divisé entre Nord et Sud, le Mali ne peut se permettre une énième humiliation : entre l'autonomie des régions du nord ou l'humiliation suprême, la prise de Bamako, le choix est vite fait.

Nul n’est dupe, cette guerre est une guerre géostratégique où la France joue gros. Elle tient l'occasion rêvée de se faire une place au soleil au Mali ou elle aura toute la latitude d’exploiter les ressources énergétiques du nord. Elle qui ne possède plus de ressources.

Aider le Mali à ne pas disparaitre, et aussi et surtout lutter contre le terrorisme international, à la place des autres puissances étrangères, est le scenario idéal qui lui ouvrirait toutes les portes pour conduire à sa guise les négociations vers l'autonomie de l’Azawad.

Ca parait presque utopique, mais n’en déplaise à ceux qui ne veulent pas voir la réalité, notre avenir en tant que nation malienne indivisible, nous a déjà échappé. C'est mon intime conviction d’analyste rêveur.
Revisitons ensemble quelques bizarreries soudaines qui viennent de se produire dans l’intervalle de deux semaines. Une semaine plutôt, les rebelles, version Ansardine d’Iyad Aghaly venait de faire connaitre leur position: autonomie.
Deuxième bizarrerie : Juste a la veille de l’ouverture des négociations prévue le 10 Janvier 2013 au Burkina,  les hostilités se déclenchent et en deux jours de combat, le Mali entier est ébranlé, 
Troisième bizarrerie : il a suffit de quelques heures à l'armée française de se déployer à Sevare et comme par enchantement au même moment, le Président français présentait ses vœux aux diplomates  qui avaient la primeur des combats sur le terrain.
L’enchainement des événements soulève une curieuse coïncidence. Est-ce le hasard ? Ou est-ce une planification orchestrée avec une main de maitre ?  Je n'en sais rien, mais je ne crois point aux coïncidences, mais crois plutôt a un plan savamment organisé, qui certes soulage aujourd’hui les maliens, qui nous conduirait tout droit au mur : le Mali libéré, et après ?
Dommage qu’au moment même où le sort de la nation malienne se joue entre rebelles et forces étrangères, nos politiciens assoiffés et affamés s’ameutent dans les rues de Bamako pour on ne sait quel but. 

Bon allons, me diriez vous, l'essentiel est que les français nous ont aidés à stopper l'avancée des rebelles vers le sud et il faut les rendre gloire en chantant désormais la « Marseillaise » et en brandissant le drapeau tricolore français.
Après la guerre, il va falloir retourner à la table de discussions : les rebelles qui ne voudraient certainement même pas du sud, pensaient mettre la pression sur le Mali pour influencer les négociations prochaines. Mal leur a pris, car ils viennent sans se rendre compte, faciliter le travail du MNLA. Aujourd’hui ce dernier se pre-positionne déjà pour occuper toute sa place dans les négociations.  Nos aux autorités ont-elles la tête aux négociations ?  J’en doute fort. Quel négociateur malien pourrait-il relever la tète lors des négociations après cette énième humiliation pour exiger quoi?

« Malheur aux vaincus criaient les romains qui venaient de vaincre sur l'armée gauloise » Cette terrible boutade pourrait bien s'appliquer a nous maliens. Malheur a nous vaincus et humilies. Nous ne sommes plus en capacité d'exiger quoi que ce soit.
Les français, nos sauveurs, feront de nous ce qu'ils voudraient sans avoir à nous  recoloniser.
Nous leur serons éternellement reconnaissants en chassant les rebelles de la partie utile du Mali. En contre partie nous leur dirons de faire ce qu'ils voudraient du nord, cette partie maudite par ou tous nos malheurs arrivent.
Apres tout, en nous débarrassant de cette partie maudite, qu'est le Nord, on pourra enfin vivre en paix et sans crainte de rébellion. Alors seulement, on pourra s'occuper de nos manifestations de rues, de nos grèves illimitées, et  autre sit-in. Nous pourrons tranquillement de nouveau battre le pavé avec les sacs de riz, de the et de sucre pour nous faire élire.
Quant aux nordistes qui n’en veulent pas de l’autonomie, ils ont le choix de nous rejoindre plus au sud, ou de rester là-bas dans cette  partie  que même les harikoy, les hakoye et gandakoye ont abandonné pour les fous de dieu et les seigneurs de la drogue et du trafic.
La pilule à avaler sera amère et même très amère car les vaincus ont toujours tort.


Yachim MAIGA

Port-Au Prince, le 15 janvier 2013

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