mardi 14 février 2017

Grève des magistrats, ne jetez pas de l’huile sur le feu


Lettre à Monsieur le Ministre de la Justice du Mali : grève des magistrats, ne jetez pas de l’huile sur le feu

 

Je suis depuis Kinshasa le bras de fer entre vous et les magistrats.

Je dois vous avouer que votre intervention à l'ORTM sur la grève m'a laissé pantois.

J'ai été surpris et choque de vous entendre décortiquer au détail près, le salaire d'un magistrat.

Je ne pense pas que dans la culture malienne, qu’il était séant de divulguer le salaire de fonctionnaires fussent-ils en grève illimitée.

Mon constat: c'est comme si vous cherchiez à mettre les maliens contre les magistrats, mais vous, vous devenez leur ennemi à abattre.

Au lieu que cela arrange la situation ca l'aggrave au contraire.

La conséquence principale : les contribuables seront chauffes à bloc contre les magistrats et pourront difficilement croire en leur justice

Seconde conséquence: les magistrats humilies deviennent des lions enrages, et la réconciliation entre vous et les magistrats d'une part et d'autres parts entre les magistrats et les justiciables à court et à moyen terme est hypothéquée.

A mon humble avis, le pouvoir judiciaire étant déclaré dans la Constitution indépendant de l’exécutif, vous en tant que Ministre, n’aurez pas dû les humilier à ce niveau, en les déshabillant devant les téléspectateurs et sans qu’ils aient la possibilité de vous apporter la contradiction.  

Vous êtes aussi, si je ne me trompe pas, Ministre en charge des droits humains et de tous les maliens.

La démocratie est un comportement au quotidien, j’aurai aimé voir ce jour à l’ORTM vous et les magistrats dans un vrai débat contradictoire et non dans une charge unilatérale du Gouvernement contre eux.

Je continue d’avoir une grande estime en vous en tant que défenseur des droits de l’homme et même en votre qualité de Ministre de la république, je suis sûr que vous ne perdez pas de vue votre idéal.  

Je n’ai pas l’habitude de partager mes prises de positions ou avis avec un membre du Gouvernement, car je pense qu’il a suffisamment de conseillers expérimentes et valables, mais ma confiance et mon admiration pour vous, m’ont poussé à le faire.

Au contraire j’ai pour habitude d’interpeller un membre du Gouvernement à travers une lettre ouverte.

Nous sommes tous des citoyens qui voulons voir notre pays debout et il n’y a pas de méchants maliens et de bons. Les Ministres de la république en mission au nom du peuple, sont aussi bons ou mauvais que nous autres citoyens lambda ou nos magistrats.

La solution comme grèves  çà  et là est le signe révélateur d’un mécontentement qui comme le volcan, finira aujourd’hui ou demain, par se mettre en action. Et ce jour, il sera déjà trop tard pour faire quelque chose.

Les citoyens sont écœurés de voir comment les maigres ressources sont détournées par cette petite minorité de dirigeants a tous les niveaux.  Et ceux qui vont en grèves se disent que comme ils ne peuvent pas se faire les poches, ils vont réclamer, quitte à mettre les gouvernants dos au mur, sachant bien que ce qu’ils demandent est trop, impossible à obtenir.  

Et pourtant des sommes pharaoniques sont détournées chaque année si l’on s’en tient aux rapports des services de contrôle qui pourrissent dans les tiroirs à Koulouba.

Combien de montants sont détournés chaque année au niveau des services de recouvrements de l’assiette ?  

A combien s’élèvent les dépenses mensuelles de la Présidence de la République?   

A combien s’élèvent les montants engloutis dans la centaine de voyage du président à l’extérieur depuis son accession au pouvoir ? Et pour quel impact économique ?

Je pourrai continuer à égrener toutes les structures dévoreuses des maigres ressources du Mali, je ne finirai pas la liste toute la journée.  

Toutes ses frustrations poussent et à juste titre, les fonctionnaires à se faire justice à travers les grèves.  

C’est l’injustice sociale qui engendre les monstres opposés aux déprédateurs de la république.

La seule solution : attaquer le mal à la racine : tuer le système des déprédateurs par le bon exemple au sommet. C’est un travail de titan qui prendra le temps qu’il faut.

Voilà Mr le Ministre, ce que je voulais partager avec vous, car je suis persuadé que vous mesurez l’ampleur de la situation. Certes je ne suis ni votre conseiller, ni l’avocat des magistrats, mais je me suis permis, en tant que citoyen et militant de Mali, d’attirer votre attention sur ce que je considère  comme une gestion conjoncturelle de la grève.

Je vous prie Mr le Ministre d’accepter par avance, mes excuses sincères, si mes mots vous ont offensés. Je voudrais vous rassurer que mon seul but était d’apporter ma contribution comme citoyen qui ne veut point être un citoyen inutile, ne s’intéressant pas à la gestion de sa cite, de son pays.

Mes amitiés

Yachim MAIGA,

Kinshasa, le 8 Février 2017

 

 

Dites-lui que le Mali mérite mieux !


Dites-lui que le Mali mérite mieux !

 

Dites-moi, ce qui arrive à  mon pays ?

Dites-moi, qu’a-t-il fait de mon pays, depuis qu’il s’est installé sur les monts mandingues ?

Dites-moi qu’a-t-il fait de « le Mali d’abord », depuis qu’il s’est offert l’avion de la discorde ?

Dites-moi, pourquoi tant de scandales financiers, depuis qu’il est arrivé ?

Dites-moi, qu’a-t-il fait de la démocratie qui l’a porté au pouvoir ?

Qu’a-t-il fait pour que les défenseurs de la patrie ne meurent pas comme des mouches ?

Qu’a-t-il fait de ses amis religieux pour que, eux qui jadis, unis et forts, se tournent dos ?

Qu’a-t-il fait de ses deux premiers tous jeunes premiers ministres, pour que l’un devienne aphone, l’autre tornade ?

Qu’a-t-il fait pour le Nord du Mali, qui l’a porté comme messie ?

Qu’a-t-il fait depuis, pour que chaque jour qui passe, ce Nord du Mali perde confiance en lui et perde espoir ?

Dites-moi, qu’a-t-il fait pour mettre fin au décompte macabre des morts évitables ?

Hier, le Nord comptait ses morts, aujourd’hui dans le centre et au sud, le décompte macabre continue

Qu’a-t-il fait pour que tout le Mali s’embrase ?

Ici ce sont des violences communautaires, avec morts d’hommes y compris d’enfants innocents ;

Là-bas, ce sont de jeunes soldats partis défendre la patrie qui meurent sans pouvoir se défendre ;

Qu’a-t-il fait pour que sédentaires et éleveurs, peuls et bambaras commencent à s’entretuer dans le centre du Mali?

Pendant ce temps, ses ministres de la république dépensent l’argent du pauvre contribuable, pour disent-ils, parcourir le Mali pour semer la bonne parole de l’entente nationale…pour décréter la réconciliation ;

Pendant ce temps, des élus du peuple, entament la croisade envers et contre tous, pour annoncer sa candidature pour 2018, qu’il le veuille ou pas, préviennent-ils ;

Pendant ce temps, des citoyens non maitres de leur destin, meurent sans gémir, quelque part, dans un bled du Mali profond.

Qu’a-t-il fait de sa lutte contre la corruption décrétée en grande pompe médiatique en 2014 ?

Pendant ce temps, ceux-là censés porter le couteau dans la plaie de la gangrène corruption, cherchent justice dans la rue,

Eux qui se devaient de nous protéger, se retrouvent eux-mêmes déboussolés et jetés en pâture,

Pense-t-il que ces gardiens du temple, déshabillés et humiliés pourront un jour regarder leurs justiciables en face ?

Qu’a-t-il fait pour éviter ou apaiser les foyers de tensions sociales par ci - par la ?

Pendant ce temps, il continue de voyager, comme si de rien ;

Pendant ce temps, le tapis rouge l’accompagne même dans les cérémonies funéraires, comme ce fut le cas à Ségou, et tout récemment à Gao,

Pendant ce temps, ses ministres ne manquent pas une occasion pour lui prouver qu’ils sont à la tache sur le terrain,

Pendant ce temps, même son meilleur ennemi du Nord, à qui le Mali a offert l’hospitalité pendant la  guerre de libération, humilie et chasse ses indésirables concitoyens dans des conditions infrahumaines ;

Pendant ce temps, la place de Bagadadji fourmille de nouvelles abracadabrantes qui ne font pas honneur à la représentation nationale. 

Une représentation nationale qui ne mérite pas de gaspiller son énergie et ses moyens dans des démentis dignes du temps stalinien, relatifs à l’affaire dite : « la secrétaire du Président »

Le Mali mérite mieux que ces feuilletons interminables de scandales du fils, du père et du « saint beau-père », qui n’en finissent pas de plonger le pays dans la désespérance et la fatalité. 

Dites-lui que le Mali va très mal ;

Dites-lui que l’espoir est toujours permis pour redresser le Mali, vers « le Mali d’abord », vers le Mali dont nous rêvons tous : le Mali fier et debout dans le concert des nations ,

Le Mali, terre de brassage culturel, havre de de paix et de vie éternelle….

 

Yachim MAIGA