Attention au piège « des élections coute que coute »
Nous assistons
impuissants à la détérioration de la sécurité sur l'ensemble du territoire malien
et pendant ce temps, des sirènes retentissent déjà pour nous appeler aux
élections de Juillet 2018. La présence de la force Serval puis de
Barkhane depuis janvier 2013, n’aura pas suffi pour bouter hors du Mali
les présumés djihadistes, qui hélas, marquent du jour au lendemain, leur
présence au nez et à la barbe de la force française.
Le président IBK, n'a de
toute évidence, trouvé ni la bonne stratégie sécuritaire, ni les moyens, encore
moins les femmes et hommes pour renverser la tendance, même en cette année
électorale, pour honorer ses engagements et promesses de campagne.
Et comme conséquence, il est
attaqué de l’intérieur comme de l’extérieur. Les futurs candidats à l’élection
présidentielle préparent leurs chevaux de Troie, tandis que ses amis de
l’extérieur commencent à le lâcher.
Les reportages acerbes et
dirigés contre IBK et le Mali, ces dernières semaines dans les medias de l’ex
puissance coloniale, prouvent à suffisance, qu’IBK n’aurait plus la bénédiction
de nos protecteurs gaulois. Pour ce faire, les djihadistes sont à la manœuvre à
l’intérieur, et les medias au bord de la seine, accomplissent le service
après-vente.
Point besoin d’être dans
le secret des dieux pour comprendre que la déstabilisation du Mali va se
poursuivre en crescendo jusqu’aux élections de juillet 2018.
Justement des élections pour
lesquelles, nos braves politiques qui voient une occasion rêvée d’accéder à
Koulouba, ont déjà repris service.
Mais pourrions-nous
réellement parler d’élections au Mali pendant que le fondement de la nation
même est en péril ?
Les élections de 2013,
qui ont vu IBK accéder au pouvoir, ont- elles résolu nos problèmes d’existence
de souveraineté ou les ont- elles exacerbés ?
A qui profiteraient des
élections sur mesure et dans des conditions, où l’état est quasiment absent au
nord et au centre du pays ?
Ne nous trompons pas d’adversaires.
A l’heure actuelle, qu’avons-nous besoin ?
Avons-nous besoin d’élections
avec un futur vainqueur, qui ne pourra, de toutes les façons, rien résoudre,
tout seul ?
Où avons-nous besoin de
stabilité d’abord, car Il est indéniable que les élections ne peuvent que se tenir
que dans un pays normal, stable. Le Mali l’est-il ?
Je ne mettrai pas de
gants pour répondre par la négative : le Mali est aujourd’hui cogéré par
la Mission onusienne, la force Barkhane, les mouvements armés et le
Gouvernement. Dans ces conditions de cogestion, le tort d’IBK est moins de n’avoir
pas tenu ses promesses électorales, mais d’avoir géré le Mali comme un pays
normal avec une gouvernance hélas décriée par beaucoup de nos compatriotes.
Attention donc aux sirènes
qui ont déjà commencé à chanter qu’il faut des élections coute que coute. Si
nous n’y prenons garde, nous risquons de retomber dans le même piège de 2013, à
savoir élire un Président qui ne pourra rien faire sinon avoir quatre oreilles
pour écouter l’ONU, la France à travers Force barkhane, les mouvements armés et
bientôt la force G5 sahel. Trop d’intervenants pour un Président qui sera de
toutes les façons mal élu par ceux-là qui voudraient qu’il soit ainsi. Quel est
ce pays en guerre qui a organisé des élections ?
Comme disait l’autre,
sachons raison garder et stoppons dès maintenant le chaos qui se profile à
l’horizon avec des élections arrangées en avance, c’est-à-dire des élections
qui se tiendront là où les intervenants, les forces en présence au mali,
voudraient qu’elles se tiennent.
Que faire ? Me diriez-vous ?
Nous ressaisir pour
rebondir. En quoi faisant ?
En nous élevant au-dessus
de nos divergences politiques, de nos ambitions politiques pour sauver la
maison commune : le Mali
Si nous
voulions remettre debout le Mali, il nous faut nous sacrifier: être prêt à
mourir dignement. Nous n'avons pas d'autre choix : accepter le
sacrifice pour renaitre ou exister par et pour les autres dans l'humiliation.
IBK qui aurait dû être en
2013 un Président élu de transition, a, aujourd’hui, la lourde responsabilité
de tirer les conséquences justes.
Si j’étais lui, je mettrai
en place un gouvernement d’union sacrée, de défense de la république, resserré autour
de 15 femmes et hommes, volontariste prêt à mourir pour la patrie, avec
pour seule mission: mettre debout le Mali.
Ce gouvernement devrait avoir un mandat clair et de pleins pouvoirs pour
une durée de deux ans.
Je demanderai à tous les
acteurs politiques de mettre en hibernation toutes leurs activités politiques
pendant toute la durée du gouvernement d’union sacrée pour lui permettre de
travailler pour l’honneur du Mali.
Comme preuve de ma bonne
volonté, je m’engagerai solennellement devant la nation à ne pas me représenter
à un poste électif.
Nous devrions choisir
entre « avancées démocratiques », synonyme d’élections coute que
coute, avec au bout, la cogestion et la corégence ou la restauration de la
sécurité et le développement économique, d’abord.
Le destin du Mali n'est
pas dans le protectionnisme des forces d’intervention, mais dans chacun de
nous.
Le Mali est à refonder et
pour ce faire aucun sacrifice n’est de trop.
Yachim MAIGA
30 Janvier 2018
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